Municipales: Saint Étienne Demain, un outil du débat démocratique ?

Nous publions un article qui donne un point de vue positif sur la démarche initiée par les verts, le PS et Génération S, car nous apprécions que le débat soit situé autour de la qualité citoyenne des listes. Nous y avons contribué. Toutefois nous rappelons la position de Sainté Debout, qui est en faveur de toutes les démarches autour d’une liste citoyenne participative aux élections municipales mais qui ne soutient aucun parti. Nous restons sceptiques sur la démarche « Saint Étienne Demain » car initiée non pas depuis les citoyens mais impulsée par des partis.

Vous pouvez lire notre article très critique ici https://www.saintédebout.fr/2019/04/09/municipales-ne-plus-faire-comme-si/

Mais d’après notre « reporter » et citoyen militant, Ulysse Hammache il est encore possible que les citoyens prennent le pouvoir dans cette future liste.

A vous de vous faire une opinion.

Philippe BARIOL



Je me suis rendu ce lundi 6 mai à la réunion publique pour la constitution d’une liste citoyenne de gauche en vue des élections municipales de Saint-Etienne, qui auront lieu en 2020. Cette initiative, portée par quelques « citoyen.ne.s » donc, mais surtout par les partis politiques du centre gauche (le PS, Génération.s, EELV, Les Radicaux de gauche et quelques autres), n’aura pas manqué de susciter de la méfiance, voire de la défiance, auprès des composantes d’une gauche plus radicale dans laquelle je me reconnaîtrais plus volontiers. Cela se ressentait dans la constitution de l’assemblée, où les membres des comités de Gilets Jaunes, des habitant.e.s de quartiers populaires ou encore de militant.e.s associatifs n’étaient que très peu – si ce n’est pas – représentés.

J’argumenterai pourtant ici, avec les nuances qui s’imposent, en faveur de cette initiative.

Du point de vue comptable tout d’abord, ce fut un succès. L’assemblée, estimée à 200 personnes, remplit la salle, il faut rajouter des chaises. Malgré les manques évoqués ci-dessus, l’assemblée est globalement variée, hétérogène et paritaire. Mais passons sur les données quantitatives. Ce dont je tenais à m’assurer en venant assister a cette réunion tenait en deux points :

  • Une unité de la gauche la plus large possible – des autonomes à Generation.s, en somme, en passant par LO, le NPA, le PC, la FI, EELV, etc. – pour la construction d’un projet municipal apte à battre la droite l’an prochain et surtout à convaincre au bout des six ans de mandat ; la limite à ce premier point reste à mes yeux la présence au sein du projet d’un PS qui, à l’échelon municipal, n’avait attendu que trois mois après son arrivée à la mairie en 2008 pour se rendre coupable d’expulsions semblable s à celles commises ces dernières semaines par Gaël Perdriau (mais dirigées alors contre les Rroms logeant à l’école désaffectée de Montchovet), et qui, à l’échelon national, a été le tremplin que l’on sait pour la macronie ;
  • La réunion de cette gauche autour d’un projet construit par les habitant.e.s elles et eux-mêmes et d’une tête de liste issue de la société civile. Ce second point impliquait nécessairement qu’à l’heure de cette réunion, aucune esquisse de programme n’ait été dessinée par quiconque, et que personne n’ait été pressenti.e pour endosser ce rôle de tête de liste. Il impliquait également que dans la forme de la réunion elle-même, les partis se tiennent d’ores et déjà en retrait, et qu’ils ne sortent jamais de cette position jusqu’aux élections.

Après une brève présentation de l’initiative par les organisateurs.trices et représentant.e.s des partis (chacun se tenant a deux minutes, comme l’a précisé la représentante du PS en réponse a une remarque que j’avais donné au sujet de la place des partis dans l’introduction des débats), ce sont les inquiétudes autour de ce second point qui ont occupé les premières questions et interventions.

Ainsi, il aura été demandé publiquement aux partis de préciser devant les deux cent personnes présentes leur place dans cette démarche – simple soutien logistique, donc – ainsi que l’existence ou non d’un programme et d’une tête de liste pressentie – ‘’ ce pourrait être vous ! ‘’ fut la réponse.

On m’objectera peut-être ici d’être un naif bien crédule, mais je doute tout de même de l’intérêt stratégique pour des partis en perte de vitesse et de confiance auprès de la population, de mentir ouvertement devant une foule tout en lui donnant les moyens de s’organiser elle-même.

Car sur ce point, la réunion n’a pas déçu : après l’avoir introduite, les organisateurs.trices ont su se faire oublier, ne répondant que très ponctuellement à des interventions qui leur étaient directement adressées. La parole a réellement été concentrée par les habitant.e.s venue.e.s pour se renseigner et s’exprimer, et tout a été mis en place en ce sens – les organisateurs.trices n’auront pas manqué de souligner la nouveauté que constituait pour eux la disposition en cercle, commune aux membres des Nuits Debout. Quelques participant.e.s auront d’ailleurs tenté d’initier les porteurs de micro aux signes des débats collectifs (je suis d’accord / pas d’accord, etc.) Afin qu’ils ne soient pas compris comme une demande de prise de parole…

Inutile de faire ici un compte-rendu exhaustif des discussions, mais nous pourrons tout de même rapporter la question de la méthode à suivre et du calendrier serré comme fil plus ou moins transversal à l’ensemble des interventions : Comment se rendre le plus inclusif de l’ensemble des composantes de la population stephanoise ? Comment convaincre l’ensemble des forces de gauche, déclarées ou non, à se joindre à la table des négociations ? Dans quel ordre procéder ? De quels outils se doter ? Auprès de qui se renseigner et s’appuyer ? Un consensus s’établit entre la quasi-totalité des participant.e.s autour de la nécessité d’opérer un diagnostic précis et complet de l’état des lieux dans tous les domaines de la gestion de la ville, avant de dégager enjeux et objectifs. Cette idée ne peut fonctionner sans s’appuyer sur les expertises déjà menées par des personnes compétentes au sein d’associations, de collectifs ou bien dans le cadre de travaux universitaires…

Ainsi, l’outil du débat est là et bien là.

Peu importe qui l’a initié, du moment qu’il permet aux citoyen.ne.s de s’organiser entre elles et eux. Cette assemblée constituante aurait pu émerger de collectifs de Gilets Jaunes, de tout autre parti, d’une action associative militante ancrée sur un terrain local… et cela n’importe peu.

Je dis cela en répétant ici que les partis politiques à l’initiative de la démarche sont loin de représenter ma propre sensibilité et ce ne saurait être un problème : on ne constitue pas une alliance avec ses seul.e.s ami.e.s, et la victoire d’un projet de gauche face à l’incompétence de Gaël Perdriau passe nécessairement par une alliance !

Ainsi, de même qu’un enfant ne grandit pas exactement tel que ses parents l’aimeraient et trouve son indépendance en se construisant lui-même à l’adolescence, cette assemblée, ou association, doit rapidement trouver son autonomie vis-à-vis de celles et ceux qui l’ont initiée.

Que l’on soit bien d’accord : il ne s’agit pas de ‘colorer’ de quelques militants de gauche ‘radicale’ une assemblée en quête de consensus et de son quota de diversité, mais bien de se saisir de cette opportunité, la plus visible en son genre aujourd’hui, pour y porter haut et fort un discours profondément altermondialiste et anticapitaliste comme alternative réelle et crédible pour Saint-Étienne.

C’est pourquoi j’invite chaleureusement les camarades Gilets Jaunes, ceux de la France Insoumise, du PC, des JC, du NPA, de LO, d’Alternatiba – ANVCop21, du CTC42, des syndicats (de gauche évidemment !), etc. et leurs sympathisant.e.s, ainsi que tout.e.s les associations et collectifs se sentant concernées, à délocaliser de manière effective leurs prochaines AG et réunions le 8 juin à l’Amicale Chaleassiere (horaire à préciser) !

Ulysse Hammache

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